L'encadrement des loyers à Paris

26 sept. 2025

4 minutes

L'encadrement des loyers est un sujet brûlant au cœur des discussions sur le logement et constitue une priorité pour la Ville de Paris. Avec la crise du logement à Paris due à une demande élevée et une offre limitée, limiter les loyers est devenu essentiel pour que plus de gens puissent se loger à un prix abordable. Introduit pour la première fois dans la capitale en 2015, puis renforcé en 2020 dans le cadre de la Loi Élan, l'encadrement des loyers vise à contrer la hausse démesurée du montant du loyer et assurer une certaine équité entre locataires et propriétaires.

Les loyers de référence : le cœur du dispositif

La réglementation des loyers mise en œuvre par la Ville de Paris repose sur un système précis de plafonnement, qui vise à encadrer la hausse inexorable des prix du logement dans la capitale. Le principe central de cet encadrement repose sur l'établissement de loyers de référence. Ces derniers servent non seulement à guider les accords locatifs et à fixer le montant du loyer, mais également à apporter une certaine transparence sur le marché. Pour mieux comprendre comment ce mécanisme fonctionne en pratique, il est essentiel d'examiner plusieurs aspects clés.

Le rôle de l’Observatoire des Loyers

Le dispositif d'encadrement des loyers à Paris est structuré autour du concept central des loyers de référence. Ces loyers de référence, établis par l'Observatoire des Loyers de l'Agglomération Parisienne (OLAP), constituent une base essentielle pour déterminer le montant du loyer maximum que les propriétaires peuvent demander. En fixant ces références, l'objectif est d'introduire une échelle harmonisée qui prenne en compte divers facteurs tels que l'emplacement du bien, l'époque de construction de l'immeuble, et le type de logement concerné, afin d’assurer une cohérence dans le montant du loyer appliqué. L’Observatoire des Loyers joue ainsi un rôle clé en garantissant que les données utilisées reflètent fidèlement la réalité du marché parisien. Le système d'encadrement des loyers est conçu pour encadrer strictement les pratiques de fixation des loyers initiaux par les propriétaires, tout en protégeant les locataires contre des augmentations jugées excessives.

Ainsi, les loyers de référence agissent comme une barrière, limitant les marges de manœuvre des bailleurs et garantissant que le montant du loyer reste proportionné. Ce dispositif vise à instaurer une stabilité sur le marché locatif, en érigeant un rempart contre la volatilité des prix et les pratiques spéculatives, tout en permettant à un plus grand nombre d’habitants de Paris de bénéficier d’un montant du loyer compatible avec leur budget.

Les trois seuils à connaître

Le loyer de référence minoré

Le loyer de référence minoré représente le seuil inférieur de la fourchette de prix que le propriétaire peut appliquer. Si un loyer est fixé en deçà de ce seuil, le propriétaire a la possibilité de demander une réévaluation du loyer sous certaines conditions. Cela permet d’assurer que les logements ne sont pas loués à des prix nettement inférieurs au marché, tout en garantissant une certaine flexibilité pour les locations de moindre qualité.

Le loyer de référence médian

Souvent qualifié de loyer de base théorique, le loyer de référence médian joue un rôle central dans l'encadrement des loyers à Paris. Il reflète le loyer médian des logements similaires sur le marché et permet aux propriétaires et locataires d’avoir un repère objectivable pour évaluer la justesse du loyer d’un bien donné. Les loyers de référence sont ainsi essentiels pour maintenir un équilibre entre les exigences du marché et la protection des locataires.

Le loyer de référence majoré

Le loyer de référence majoré est la limite supérieure du loyer pouvant être exigé par un propriétaire pour un bien locatif. Ce "loyer plafond" a pour but de protéger les locataires contre les loyers abusifs et s’applique de manière stricte à Paris intra-muros. Si le loyer demandé dépasse ce seuil, le locataire a la possibilité de contester le montant devant une commission de conciliation, voire un tribunal si nécessaire.

Comment vérifier le loyer applicable à votre logement ?

Pour vérifier les loyers de référence applicables à votre logement, il est essentiel de se référer aux outils mis en place par l'Observatoire des Loyers de l'Agglomération Parisienne (OLAP) et la mairie de Paris. En ligne, il est possible d’accéder à un simulateur où les différents critères de l’appartement (adresse, surface, date de construction, etc.) sont saisis afin d’obtenir les références minorée, médiane et le loyer de référence majoré. Cet outil permet d’évaluer le montant du loyer applicable de manière précise et transparente, et de vérifier si le montant du loyer inscrit dans le bail respecte bien les loyers de référence et les règles d’encadrement des loyers en vigueur.

L’Observatoire des Loyers publie régulièrement ces données afin de garantir leur actualisation et de permettre un suivi fiable de l’évolution du marché locatif parisien.

Application de l’encadrement selon les situations

L'encadrement des loyers ne s'applique pas uniformément à toutes les situations immobilières à Paris. En fonction de circonstances spécifiques comme la première mise en location d'un bien, le renouvellement du bail, ou encore lors d'un changement de locataire, les règles de fixation du loyer peuvent différer. Il est crucial pour les propriétaires et les locataires de bien comprendre ces nuances pour garantir la conformité à la législation en vigueur.

Première mise en location : quelles règles respecter ?

Lorsqu'un logement est mis en location pour la première fois, le propriétaire a l'obligation d'aligner le montant du loyer proposé sur les critères du loyer de référence médian. Toutefois, il peut exister des marges de manœuvre, notamment si le logement dispose d’équipements supplémentaires ou de caractéristiques uniques qui justifient un montant du loyer supérieur. Dans certains cas, une telle majoration peut être acceptée si le bien présente un intérêt architectural ou historique particulier, à condition que cela soit clairement justifié et validé par les autorités compétentes en lien avec le loyer de référence applicable.

Renouvellement de bail : réévaluation ou baisse de loyer ?

Lors du renouvellement du bail, le loyer peut être réévalué, mais il doit toujours rester conforme aux plafonds établis par l'encadrement des loyers. Une augmentation ne peut être justifiée que par l’évolution de l’Indice de Référence des Loyers (IRL). En revanche, si le précédent loyer était supérieur au loyer de référence majoré, une diminution du loyer est alors obligatoire afin de se conformer aux règles en vigueur. Cette diminution du loyer vise à rétablir l’équilibre entre bailleur et locataire et à assurer que le contrat respecte les barèmes officiels. Dans la pratique, la diminution du loyer peut représenter un enjeu financier important pour le propriétaire, mais elle constitue une garantie légale essentielle pour le locataire afin d’éviter toute situation de surloyer.

Changement de locataire : quelles limites s’imposent ?

En cas de changement de locataire, la règle générale est que le loyer du nouveau contrat ne peut pas dépasser le loyer pratiqué pour le précédent locataire, à moins que des travaux d'amélioration substantiels n’aient été réalisés, justifiant ainsi une hausse. Cette disposition vise à éviter la flambée des loyers entre deux contrats de location successifs et à garantir une certaine stabilité du marché locatif à Paris.

Le bail mobilité : une exception au dispositif classique

Le bail mobilité représente une exception notable à l'encadrement traditionnel des loyers. Destiné aux locataires temporaires, tels que les étudiants ou les personnes en mission professionnelle de courte durée, ce type de bail offre une plus grande flexibilité quant aux règles d’encadrement. Si le logement ne constitue pas la résidence principale du locataire, le bail mobilité échappe aux limites encadrant le montant du loyer classique.

Cela permet aux propriétaires de fixer librement le montant du loyer, dans le respect de la législation, facilitant ainsi l’accès au logement temporaire dans une métropole aussi dynamique que Paris.

Le complément de loyer

Dans le contexte de l'encadrement des loyers à Paris, le complément de loyer se présente comme une exception qui permet aux propriétaires d'exiger un montant supérieur au loyer de référence majoré. Ce mécanisme, bien qu'utile, est également sujet à de nombreuses conditions et peut parfois entraîner des contestations. Pour comprendre comment et quand cette pratique est applicable, il est essentiel d'examiner le cadre législatif ainsi que les motivations derrière ces loyers complémentaires.

Définition et conditions d’application

Le complément de loyer est une somme additionnelle que le propriétaire peut demander en sus du loyer de base lorsqu'un logement présente des caractéristiques exceptionnelles qui le distinguent des logements comparables dans le même secteur. Ces caractéristiques peuvent inclure une vue imprenable, une terrasse, un jardin privatif, ou encore des équipements de haute qualité tels qu’une cuisine équipée de matériel haut de gamme. Il est crucial que ces éléments ne soient pas déjà pris en compte dans le loyer de référence majoré pour que le complément soit justifié.

Quand un complément de loyer devient abusif

Un complément de loyer peut être considéré comme abusif lorsque les caractéristiques invoquées par le propriétaire ne sont pas réellement exceptionnelles ou distinctives par rapport aux logements comparables dans le quartier. Il peut également être jugé abusif si le montant du loyer demandé apparaît disproportionné par rapport aux avantages supplémentaires mis en avant. De plus, un complément n’est pas recevable lorsque les éléments invoqués sont déjà pris en compte dans le calcul du loyer de référence majoré (comme la surface, l’époque de construction ou le nombre de pièces) ou lorsqu’ils correspondent à des charges récupérables imputables au locataire, ce qui rendrait le montant du loyer artificiellement gonflé et donc contestable.

Depuis le 18 août 2022, la réglementation précise que le complément de loyer est strictement interdit si le logement présente au moins une des caractéristiques suivantes :

  • Sanitaires sur le palier

  • Présence d’humidité sur certains murs

  • Diagnostic de performance énergétique (DPE) en classe F ou G

  • Fenêtres laissant passer anormalement l’air (hors grilles de ventilation)

  • Vis-à-vis à moins de 10 mètres

  • Infiltrations ou inondations provenant de l’extérieur

  • Problèmes d’évacuation d’eau récurrents au cours des 3 derniers mois

  • Installation électrique dégradée

  • Mauvaise exposition de la pièce principale

Enfin, pour être valide, le bail doit obligatoirement préciser le montant exact du complément de loyer ainsi que les caractéristiques exceptionnelles du logement qui le justifient. En l’absence de ces éléments, le complément peut être considéré comme abusif et donc contesté par le locataire.

Le cas particulier des logements énergivores

La performance énergétique d’un logement est devenue un critère déterminant dans la fixation du loyer et l’application d’un complément. Depuis la loi Climat et Résilience, les logements classés F ou G au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) – souvent appelés passoires énergétiques – sont strictement encadrés.

  • Depuis août 2022, il est interdit d’appliquer un complément de loyer si le logement présente une performance énergétique classée F ou G.

  • La même année, un gel des loyers a été instauré : les logements à faible performance énergétique ne peuvent plus voir leur loyer augmenté lors d’un renouvellement de bail, d’une remise en location ou d’un changement de locataire.

  • Progressivement, les biens avec une mauvaise performance énergétique (classe G puis F) seront interdits à la location, selon un calendrier réglementaire déjà fixé.

En pratique, un propriétaire ne peut donc pas justifier un complément de loyer avec des arguments de confort ou de localisation si la performance énergétique du logement est insuffisante. Ce dispositif a pour objectif d’inciter à la rénovation énergétique et d’améliorer durablement la performance énergétique du parc locatif parisien.

La procédure de contestation pour les locataires

Lorsqu’un locataire estime que le complément de loyer appliqué par son propriétaire est injustifié ou excessif, il dispose d’un cadre légal pour le contester. Cette procédure se déroule en plusieurs étapes successives.

1. La tentative de résolution amiable

La première démarche consiste à engager une discussion directe avec le propriétaire afin de trouver une solution sans passer par une instance extérieure. Le locataire peut présenter ses arguments, appuyés par des justificatifs (contrat de location, références de loyers similaires, échanges écrits…), afin de démontrer que le complément de loyer est abusif.

2. La saisi de la Commission de conciliation départementale

Si aucun accord n’est trouvé à l’amiable, le locataire peut saisir la Commission de conciliation départementale. Cette instance propose un service gratuit de médiation, visant à rapprocher les deux parties et à tenter d’aboutir à une solution consensuelle.

3. Le recours au tribunal d’instance

En cas d’échec de la conciliation, le locataire peut porter l’affaire devant le tribunal d’instance. Le juge examinera alors la légitimité du complément de loyer et rendra une décision qui s’imposera aux deux parties.

La préparation du dossier

Tout au long de la procédure, il est essentiel que le locataire prépare soigneusement son dossier. Cela implique de rassembler les preuves pertinentes : bail signé, courriers ou emails échangés avec le propriétaire, ainsi que toute référence de loyers comparables. Une documentation solide renforce la crédibilité de la contestation et augmente les chances d’obtenir gain de cause.

En suivant rigoureusement ces étapes, le locataire s’assure de défendre efficacement ses droits face à un complément de loyer jugé abusif.

Droits et obligations des propriétaires et des locataires

Dans le cadre de l’encadrement des loyers à Paris, tant les propriétaires que les locataires ont des droits et des obligations spécifiques. Ces règles visent à garantir une relation contractuelle équitable et respectueuse entre les deux parties, tout en maintenant un marché locatif équilibré. Les propriétaires doivent notamment respecter les plafonds de loyer imposés par la réglementation, sauf exceptions justifiées par le complément de loyer, tandis que les locataires ont le droit de contester ces compléments si ceux-ci leur paraissent démesurés. Examinons de plus près les responsabilités et protections légales accordées à chaque partie.

Pour les bailleurs : respecter la loi et justifier toute majoration

À Paris, les propriétaires ont un rôle déterminant pour assurer la transparence et l’équilibre du marché locatif. Leur première responsabilité est de respecter la réglementation en vigueur, en fixant le loyer conformément au loyer de référence majoré publié par arrêté préfectoral, qui varie selon le quartier, la date de construction et le type de logement.

Un point central est la dissociation claire des montants dans le contrat de bail, afin d’éviter toute confusion :

  • Loyer hors charges : XX €

  • Charges récupérables : XX €

  • Complément de loyer : XX €

Exemple d’insertion dans un bail :

Le loyer hors charges de référence pour ce logement est de 980 €. Le loyer appliqué est de 980 € + un complément de loyer de 120 € (justifié par la présence d’une terrasse privative de 20 m² avec vue dégagée sur la Tour Eiffel). Les charges récupérables s’élèvent à 70 €. Le loyer hors charges total est donc de 1 100 €, auquel s’ajoutent 70 € de charges, soit un montant mensuel de 1 170 €.

Cette transparence est obligatoire : dès qu’un complément de loyer est appliqué, le propriétaire doit apporter une justification précise et objective, fondée sur des caractéristiques exceptionnelles du logement qui ne sont pas prises en compte dans le calcul du loyer de référence.

En cas de contestation, c’est toujours le loyer hors charges qui sert de base de comparaison avec le loyer de référence majoré. Le propriétaire doit donc s’assurer que le loyer hors charges fixé dans le bail est conforme, sans quoi il s’expose à une diminution imposée par la Commission de conciliation ou le tribunal.

Fixation du loyer : plafonds à ne pas dépasser

Les propriétaires bailleurs doivent impérativement respecter le loyer de référence majoré lorsqu'ils mettent un bien en location pour la première fois ou lorsqu'ils renouvellent un bail existant. Ce loyer de référence majoré est déterminé sur la base de divers facteurs, tels que l'emplacement, la superficie, et la date de construction de l'immeuble.

Avant la mise en location, le propriétaire doit donc vérifier le loyer de référence applicable à son bien et s'assurer qu'il fixe le loyer en deçà ou, en cas d'ajout de complément de loyer, de manière justifiée. Le non-respect de cette règle peut entraîner des sanctions, dont une potentielle amende ou un ajustement imposé par la justice. Par ailleurs, lors de chaque renouvellement de bail, le loyer doit également être ajusté pour rester conforme à la législation actuelle.

Complément de loyer : les preuves nécessaires en cas de contestation

Dans le contexte où un propriétaire souhaite demander un complément de loyer, il est essentiel qu'il puisse substantiellement justifier sa demande. Les motifs pour lesquels un complément de loyer peut être ajouté doivent être exceptionnels et liés aux caractéristiques propres du logement qui ne sont pas reflétées dans le loyer de référence ou dans le loyer plafond fixé par la réglementation.Les preuves pour étayer cette requête doivent être minutieusement préparées.

Dans un tel cas, il reviendra au propriétaire de fournir tous les justificatifs pertinents pour démontrer le bien-fondé de sa démarche, sous peine de devoir ajuster le loyer afin qu’il reste en conformité avec le loyer plafond et les plafonnements réglementaires en vigueur.

Alors, toujours une bonne idée d'investir à Paris même avec l'encadrement ?

Contre toute attente, oui Paris reste très attractive avec une rentabilité brute qui varie entre 3,5% et 5% par an, mais surtout des taux d'occupation très élevés. On observe aussi une évolution abrupte du prix par m2 comparé à d'autres grandes villes françaises. D'autant, que Paris n'a connu presque pas de baisse de prix de l'immobilier depuis très longtemps, ce qui rends votre investissement d'autant plus sûre !